Homélie du pèlerinage du 25 février 2018
Sur les pas des Bienheureuses
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Il y a bien des formes de folies dans la nature humaine. (….) durant ce déchainement de folie, des femmes ont tenu la fidélité simple à la vie religieuse, allant d’adaptation en adaptation au fur et à mesure qu’elles étaient empêchées de suivre la règle de leur ordre. Jusqu’à célébrer dans la prison de la conciergerie la fête de Notre-Dame du Mont Carmel, y composer par humour dérisoire cette marseillaise que nous chanterons tout à l’heure en allant aux fosses, et mourir le lendemain. L’une des sœurs aura la simplicité de faire avouer à l’accusateur public qu’elles mourraient bien en haine de la foi, ouvrant la possibilité de déclarer ensuite leur martyr. Des semaines auparavant, elles avaient fait vœu d’offrir leur vie en holocauste pour la cessation des malheurs de la France. (…)
Aujourd’hui encore, notre foi est un dialogue avec celui qui nous parle. Vivre de la Parole de Dieu dans l’oraison et la liturgie, c’est en particulier la vocation des carmélites, c’est notre vocation à tous. Notre folie, c’est d’aller chercher autre chose ailleurs en croyant trouver plus intéressant… Nous nous plaignons de ne pas trouver la lumière resplendissante du Seigneur, alors nous cherchons autre chose. L’oraison de ce dimanche résume magnifiquement notre vocation chrétienne au cœur de ce monde :
« Tu nous as dit, Seigneur, d’écouter ton Fils bien-aimé, fais-nous trouver dans ta Parole les vivres dont notre foi a besoin : et nous aurons le regard assez pur pour discerner ta gloire. »
Avoir le regard assez pur pour comprendre la résurrection, pour comprendre la vie contemplative dans ses richesses, pour comprendre le sens de l’histoire à partir de l’offrande de ces religieuses. Pour cela, il faut ouvrir notre Bible : c’est notre façon quotidienne de monter sur une haute montagne, de prendre de la hauteur. Scruter la Parole de Dieu, c’est assumer ce baptême qui nous donne d’être déjà ressuscités !
Vivre à Picpus est une grâce : je me le disais le 16 juillet (Notre Dame du Mont Carmel) dernier en allant prier le soir au cimetière. Une grâce pour ceux qui portent ici la vie religieuse dans sa fidélité, au cœur du monde ; pour ceux qui discernent ici leur vocation dans la Parole et la lumière du Seigneur à la Maison Saint-Augustin ; pour tous ceux qui vivent dans ce quartier. Présence d’un témoignage discret, au fond d’un jardin dont il faut franchir la porte. C’est comme si il y avait ici un carmel bien vivant, porteur de grâces innombrables. Prions pour que la communauté de Jonquières, comme tant d’autres, continue cette vie de silence, de travail et de contemplation, car c’est l’air pur dont notre monde a besoin, la vraie écologie qui assure notre survie.
- Gérard Pelletier
Maison Saint-Augustin